Parler du millésime 2000 à Bordeaux fait écho à la campagne Bordeaux Primeurs 2005. Si ce dernier millésime est jugé exceptionnel, le millésime 2000 portait dans son chiffre l’apparition du troisième millénaire, une dimension quasi-mystique qui n’a pas échappé aus professionnels du vin. Une qualité remarquable associée à une année mythique allaient faire exploser les compteurs et les calculettes. Il était également porteur d’un espoir financier après 3 millésimes très difficiles.

Il marque la deuxième grande évolution du monde moderne après l’arrivée de Robert Parker. 2000 sera son avènement. Le vin de Bordeaux s’affirme comme un produit de grand luxe mais aussi un placement spéculatif exceptionnel. Jamais, en si peu de temps, les prix des vins en primeurs avaient connu une telle flambée.

Dernier élément de taille : l’explosion d’internet et des nouvelles façons de communiquer et de consommer. En facilitant l’accès aux informations et aux produits, le monde de l’internet a largement contribué à la réussite commerciale de ce millésime…et inversement. Les ventes de vins par internet connaissent une croissance à deux chiffres depuis 2001, année de mise en vente des Primeurs 2000.

Si on reprend les souvenirs écrits des grands guides ou critiques en 2000, on constate que la qualité de ce millésime a été difficile à percevoir. Quelques mois avant les vendanges, les châteaux ont dû faire face à un développement extraordinaire de la bactérie du mildiou. La douceur de l’hiver est en cause. Il s’en suivi une floraison tardive et surtout un printemps affreux.
A l’approche de l’été 2000, le pessimisme régnait dans les rangs des vignes girondines. Un été peu encourageant entre orages violents et températures basses. Pourtant, dès fin juillet, on assiste à un retournement de situation climatique, avec des températures exceptionnelles et une pluviométrie très basse. Les vendanges en septembre furent même arides par endroit. La production globale fut moyennement abondante mais de qualité homogène de chaque côté de la Garonne. Seuls les Sauternes, dont les grains ont besoin d’humidité pour pourrir, furent pénalisés. Les merlots furent les plus réussis. Dès la fin des vendanges, la rumeur enflait à Bordeaux que le millésime pourrait être exceptionnel. Le travail de vinification fut félicité par les grands dégustateurs. Robert Parker reprocha l’absence de vins “somptueux” mais se félicita de la progression étonnante de la plupart des crus bourgeois. il jugea toutefois ce millésime supérieur à 1996. Les caractéristiques principales de ces Bordeaux 2000 est la capacité de garde assez extraordinaire, due à une présence tannique hors du commun. Longtemps avant leur mise en vente, les primeurs 2000 posèrent bien du tourment aux propriétaires qui hésitaient entre une hausse de prix raisonnable ou laisser faire le marché. Un entre-deux fut trouver mais il ne fallait pas louper leur mise sur le marché.

Beaucoup de châteaux disparaissèrent après quelques heures et réapparurent à des prix étonnants. 2000 fut le premier millésime réellement “populaire” et réellement bon marché au regard de l’évolution des prix actuels. Parker, toujours, finissait ses recommandations sur les primeurs des vins de Bordeaux 2000 par “Bonne chasse !” Heureux les enfants d’un amateur de vins nés en 2000….

Millésime 2000 dans le temps
Le millésime 2000 est devenu une référence à Bordeaux. 90% des crus classés de Bordeaux du millésime dorment encore dans des caves. Leur potentiel de garde énorme permet de les laisser au repos encore de nombreuses années.

Certains châteaux sont totalement introuvables sur ce millésime à moins de débourser des sommes qui peuvent paraître indécentes. Par exemple, le château Léoville Barton 2000 (2ème cru classé de Saint-julien) est devenu mythique pour la croissance fulgurante de son prix. Son importance historique a encore pris de l’ampleur en raison des millésimes suivants très décevants. 2001 fut un échec commercial retentissant.

Au regard des prix des grands crus pendant l’actuelle campagne de Bordeaux Primeurs 2005, 2000 était un millésime plutôt bon marché à condition de se positionner de suite à l’achat.

2000 restera mythique même si le marché s’effondre.
Les vins seront à consommer, pour les plus grands crus, d’ici 30 ou 40 ans voire plus.

Impossible d’espérer retrouver des Bordeaux 2000 à des prix compétitifs.
En attendant la campagne de Bordeaux Primeurs 3000…